MANGA CLASSIC: OTHELLO © Manga Classics, Inc.

Les Classiques en Manga Le valeureux général Othello, gouverneur de Chypre, est de retour après avoir vaincu les Turcs. Il vient aussi d’épouser en secret la belle Desdémona, très éprise de lui, contre l’avis de son père. Son redoutable officier Jago, terriblement déçu de ne pas avoir eu le poste qu’il convoitait, est prêt à tout pour détruire son supérieur. L’homme décide alors de se venger et invente de perfides stratagèmes pour faire croire à Othello que sa femme le trompe avec l’honnête Cassio. Le général sombre peu à peu dans la folie de la jalousie, précipitant les protagonistes vers une fin tragique et sanglante. D’après l’oeuvre de William Shakespeare OTHELLO

LES PERS ONNAGES OTHELLO Général militaire vénitien DESDÉMONA Femme d’Othello JAGO Enseigne d’Othello CASSIO Lieutenant d’Othello ÉMILIA Domestique de Desdémona et femme de Jago LODOVICO Cousin de Desdémona BIANCA Maîtresse de Cassio MONTANO GRATIAN RODERIGO Admirateur de Desdémona BRABANTIO Père de Desdémona DUC DE VENISE BOUFFON

Dessins : Julien Choy D’après l’œuvre deWilliam Shakespeare OTHELLO Les Classiques en Manga

SOMMAIRE ACTE I SCÈNE I - P. 005 SCÈNE II - P. 025 SCÈNE III - P. 038 ACTE II SCÈNE I - P. 080 SCÈNE II - P. 113 SCÈNE III - P. 114 ACTE III SCÈNE I - P. 160 SCÈNE II - P. 167 SCÈNE III - P. 168 SCÈNE IV - P. 223 ACTE IV SCÈNE I - P. 247 SCÈNE II - P. 288 SCÈNE III - P. 320 ACTE V SCÈNE I - P. 332 SCÈNE II - P. 356 BONUS P. 414

ACTE I SCÈNE I allons, ne m’en parle jamais ! je trouve très mauvais que toi, jago, qui as disposé de ma bourse comme si les cordons en étaient dans tes mains, tu aies eu connaissance de cela. VENISE RODERIGO au diable ! mais vous ne voulez pas m’entendre. si jamais j’ai eu le moindre soupçon de cette affaire, haïssez-moi. JAGO

méprisezmoi, si cela n’est pas. trois grands personnages de la ville, le sollicitant en personne pour qu’il me fît lieutenant, lui ont souvent ôté leur chapeau… tu m’avais dit que tu le détestais. et foi d’homme, je sais ce que je vaux, je ne vaux pas moins qu’un tel emploi : mais lui, qui n’aime que son orgueil et ses idées, il les a payés de phrases pompeuses, horriblement hérissées de termes de guerre… et finalement il a éconduit mes protecteurs : “je vous le proteste”, leur a-t-il dit, “j’ai déjà choisi mon officier.” et qui était-ce ? vraiment un grand calculateur, un michel cassio, un florentin, un garçon prêt à se damner pour une belle femme… qui n’a jamais manœuvré un escadron sur le champ de bataille, qui ne connaît pas plus qu’une vieille fille la conduite d’une bataille, mais savant, le livre en main… 6

voilà l’homme sur qui est tombé le choix du maure… et moi, que ses yeux ont vu à l’épreuve à rhodes, en chypre, et sur d’autres terres chrétiennes et infidèles… dans la théorie que nos sénateurs en toge discuteraient aussi bien que lui. pur bavardage sans pratique, c’est là tout son talent militaire. je me vois rebuté et payé par ses paroles. c’est cet autre qui, dans les bons jours, sera son lieutenant… et moi (dieu me bénisse !), je reste l’enseigne de sa mauresque seigneurie. par le ciel ! j’aurais mieux aimé être son bourreau. 7

la promotion suit la recommandation et la faveur ; elle ne se règle plus par l’ancienne gradation, lorsque le second était toujours héritier du premier. mais à cela nul remède. tel est le malheur du service. maintenant, seigneur… seigneur, rassurezvous. en ce cas, je ne resterais pas à son service. jugez vous-même si j’ai la moindre raison d’aimer le maure. 8

châtiez-moi ces honnêtes esclaves. seulement pour la nourriture de la journée. quand ils sont vieux on les casse aux gages. vous trouverez beaucoup de serviteurs soumis, rampants, qui, passionnés pour leur propre servitude, usent leur vie comme l’âne de leur maître… je le sers pour me servir moi-même contre lui. nous ne pouvons tous être maîtres, et tous les maîtres ne peuvent être fidèlement servis. car, seigneur, aussi vrai que vous êtes roderigo, si j’étais le maure, je ne voudrais pas être jago. il en est d’autres qui, revêtus des formes et des apparences du dévouement, tiennent au fond toujours leur cœur à leur service. ils ne donnent à leurs seigneurs que des démonstrations de zèle, prospèrent à leurs dépens ; et dès qu’ils ont mis une bonne doublure à leurs habits, ce n’est plus qu’à eux-mêmes qu’ils rendent hommage. ceux-là ont un peu d’âme, et je professe d’en être… en le servant, je ne sers que moi… et le ciel m’est témoin que je ne le fais ni par amour, ni par dévouement… mais, sous ce masque, pour mon propre intérêt. 9

quand mon action visible et mes compliments extérieurs témoigneront au vrai la disposition naturelle et le dedans de mon âme, attendez-vous à me voir bientôt porter mon cœur sur la main, pour le donner à becqueter aux corneilles. non, je ne suis pas ce que je suis. quelle bonne fortune pour ce maure aux lèvres épaisses, s’il réussit de la sorte dans son dessein ! appelez son père ; éveillez-le ; faites poursuivre le maure, empoisonnez sa joie ; dénoncez-le dans les rues ; excitez les parents de la jeune fille… au sein du paradis où le maure repose, tourmentez-le par des mouches ; et quoiqu’il jouisse du bonheur, mêlez-y de telles inquiétudes que sa joie en soit troublée et décolorée. 10

holà, holà, brabantio ! seigneur brabantio ! holà ! appelez avec des accents de crainte et des hurlements de terreur, comme il arrive quand on découvre l’incendie que la négligence et la nuit ont laissé se glisser au sein des cités populeuses. voici la maison de son père ; je vais l’appeler à haute voix. éveillez-vous : holà, brabantio ! des voleurs ! des voleurs ! voyez à votre maison, à votre fille, à vos coffres ! au voleur ! au voleur !

seigneur, tout votre monde est-il chez vous ? vos portes sont-elles bien fermées ? et quelle est donc la cause de ces effrayantes clameurs ? qu’y a-t-il ? comment, pourquoi me demandez-vous cela ? par dieu, seigneur, vous êtes volé : pour votre honneur passez votre robe : votre cœur est frappé ; vous avez perdu la moitié de votre âme : BRABANTIO 12

levez-vous, hâtez-vous, réveillez au son de la cloche les citoyens qui ronflent ; ou le diable va cette nuit faire de vous un grandpère. debout, vous dis-je. en ce moment, à l’heure même, un vieux bélier noir ravit votre brebis blanche. vénérable seigneur, reconnaissezvous ma voix ? je m’appelle roderigo. moi, non. qui êtesvous ? quoi donc, avez-vous perdu l’esprit ? 13

et aujourd’hui dans ta folie, encore plein de ton souper, et échauffé de boissons enivrantes, tu viens me braver méchamment et troubler mon sommeil ! seigneur, seigneur, seigneur… je t’ai franchement déclaré que ma fille n’est pas pour toi : déjà je t’ai défendu de rôder autour de ma porte. tu n’en es que plus mal venu. modérezvous, seigneur. mais tu peux être bien sûr que j’ai assez de pouvoir pour te faire repentir de ceci. 14

que me parles-tu de vol ? c’est ici venise : ma maison n’est pas une grange isolée. puissant brabantio, c’est avec une âme droite et pure que je viens à vous… parce que nous venons vous rendre service, vous nous prenez pour des bandits. vous voulez donc voir votre fille associée à un cheval de barbarie ? parbleu, seigneur, vous êtes un de ces hommes qui ne veulent pas servir dieu quand c’est satan qui le leur commande. vous voulez donc que vos petits-enfants hennissent après vous ? vous voulez avoir des coursiers pour cousins et des haquenées pour parents ? quel impudent misérable es-tu ? 15

je suis un homme, seigneur, qui viens vous dire qu’à l’heure où je vous parle, dans les bras l’un de l’autre, votre-fille et le maure ne font qu’un. tu me répondras de ton insolence. je te connais, roderigo. vous êtes un sénateur ! tu es un coquin. 16

seigneur, je consens à répondre de tout. mais de grâce écoutez-nous ; si (comme je crois le voir en partie) c’est selon votre bon plaisir et de votre aveu… que votre belle fille, à cette heure sombre et bizarre de la nuit, sort sans meilleure ni pire escorte qu’un coquin aux gages du public, un gondolier, et va se livrer aux grossiers embrassements d’un maure débauché. si cela vous est connu, et que vous l’avez permis, alors nous vous avons fait un grand et insolent outrage… mais si vous ignorez tout cela, mon caractère me garantit que vous nous repoussez à tort. ne croyez pas que, dépourvu de tout sentiment des convenances, je voulusse plaisanter et me jouer ainsi de votre excellence. votre fille, si vous ne lui en avez pas donné la permission… a, je le répète… commis une étrange faute… en attachant ses affections, sa beauté, son esprit, sa fortune, au sort d’un vagabond, étranger ici et partout. 17

battez le briquet ! vite ! si elle est dans sa chambre ou dans votre maison, déchaînez contre moi la justice de l’état, pour vous avoir ainsi abusé. éclaircissezvous sans délai. donnez-moi un flambeau ! appelez tous mes gens ! cette aventure ressemble assez à mon songe : la crainte de sa vérité oppresse déjà mon cœur. 18

de la lumière ! de la lumière ! adieu, il faut que je vous quitte. il n’est ni convenable, ni sain pour ma place, qu’on me produise comme témoin contre le maure, ce qui arrivera si je reste. je sais ce qui en est ; quoique ceci lui puisse causer quelque échec, le sénat ne peut avec sûreté le renvoyer. il s’est engagé avec tant de succès dans la guerre de chypre maintenant en train, que, pour leur salut, les sénateurs n’ont pas un autre homme de sa force pour conduire leurs affaires. pour être sûr de le trouver, dirigez vers le sagittaire la recherche du vieillard ; j’y serai avec le maure. adieu. aussi, quoique je le haïsse comme je hais les peines de l’enfer, la nécessité du moment me contraint à arborer l’étendard du zèle, et à en donner des signes ; des signes, sur mon âme, rien de plus. 19

mon malheur n’est que trop vrai ! elle est partie ; et ce qui me reste d’une vie déshonorée ne sera plus qu’amertume. roderigo… avec le maure, dis-tu ? où l’as-tu vue ? (ô malheureuse fille !) 20

comment as-tu su que c’était elle ? (qui voudrait être père ?) oh ! tu m’as trompé au-delà de toute idée. et que vous a-t-elle dit ? sont-ils mariés, croyezvous ? allumez encore des flambeaux. éveillez tous mes parents. 21

en vérité, je crois qu’ils le sont. mais n’est-il pas des charmes par lesquels on peut corrompre la virginité et les penchants de la jeunesse ? ô trahison de mon sang ! ô ciel ! comment est-elle sortie ? roderigo, n’avez-vous rien lu sur de pareilles choses ? pères, ne vous fiez plus au cœur de vos filles d’après la conduite que vous leur voyez tenir. 22

appelez mon frère. oh ! que je voudrais vous l’avoir donnée ! oui, en vérité, seigneur, je l’ai lu. que les uns prennent un chemin, et les autres un autre. savez-vous où nous pourrons la surprendre avec le maure ? 23

prenez vos armes, courons : rassemblez quelques officiers chargés du service de nuit. ah ! je vous prie, conduisez-nous. à chaque maison je veux appeler : je puis demander du monde presque partout : j’espère pouvoir le découvrir, si vous voulez emmener une bonne escorte et venir avec moi. allons ! marchons. honnête roderigo, je vous récompenserai de votre peine. 24

Les Classiques en Manga Disponible dès le 1er février 2023 D’après l’oeuvre de William Shakespeare OTHELLO

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ATTENTION ! MANGA CLASSIC: OTHELLO © 2021 Manga Classics, Inc. All rights reserved Originally published in 2021 by Manga Classics, Inc. French translation rights arranged with Manga Classics, Inc., through Tuttle-Mori Agency, Inc., Tokyo Édition française : 2023 Pika Édition / nobi nobi ! Tous droits réservés Traduction originale : François Guizot Postface : Tomoko Seigneurgens Adaptation graphique : Studio Charon Charte graphique : Nans Grall Suivi éditorial : Elise Charneau Direction éditoriale : Pierre-Alain Dufour Direction artistique : Olivier Pacciani Loi n° 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. ISBN 978-2-37349-925-4 ISSN 2418-3210 Dépôt légal : février 2023 Imprimé par Grafica Veneta (Italie). nobi nobi ! s'engage pour l'environnement en réduisant l'impact carbone de ses livres. Rendez-vous sur www.pika-durable.fr Vous êtes ici à la fin du livre. Ce manga est publié dans son sens de lecture original : Il faut donc le lire de droite à gauche. Tous droits réservés. Reproductions, téléchargements et diffusions interdits.

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